Avec un indice de genre de 0.439 (Indice SIGI de l’OCDE), la Guinée se trouve parmi les 8 pays (78 sur 86) ayant les plus grandes disparités entre les femmes et les hommes dans l’espace non-OCDE. Ces écarts, qui constituent des entraves à la réalisation de l’OMD 3 sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, se sont par ailleurs approfondis entre 2009 et 2012. L’analyse des principaux indicateurs de développement humain démontre des disparités de genre dans plusieurs secteurs que les femmes font face à des défis spécifiques (violences, pratiques traditionnelles néfastes).

Cependant sur le plan juridique, la Guinée a ratifié les principaux instruments internationaux et régionaux relatifs aux droits des femmes et dispose d’un arsenal juridique qui garantit le principe de l’égalité entre les hommes et les femmes (Loi fondamentale, Code Pénal, etc.). Pourtant ce cadre n’a pas permis une pleine jouissance par les femmes de leurs droits vu l’insuffisance dans l’application des textes ainsi que l’existence de vides juridiques dans certains secteurs.

Dans un document de profil du genre en Guinée, l’AFD présente les enjeux de genre et quelques indicateurs clés.

Santé

« Les femmes guinéennes, particulièrement dans les campagnes, peinent à accéder aux services de santé adéquats, en particulier de soins obstétriques et de planification familiale ». En 2015, seulement 45% des naissances étaient assistées par du personnel de santé qualifié et seules 6% de femmes mariées ou en union utilisaient une quelconque méthode contraceptive. Si le taux de mortalité maternelle a chuté de près de 34,7% au cours de 20 dernières années, passant de 1040 décès maternels pour 100000 naissances vivantes en 1990 à 679 en 2015, le taux de mortalité maternelle en Guinée est l’un des plus élevé de l’Afrique subsaharienne (546/100 000 moyenne régionale). De plus, une femme sur 26 risque de mourir en couche au cours de sa vie. Le taux de fécondité est de 4.9 enfants par femme et le taux de fécondité chez les adolescentes est de 154 sur 1000 femmes âgées entre 15-19 ans. D’après l’Enquête démographique et de la santé et à des indicateurs multiples de 2012, «la fécondité précoce varie selon le niveau d’instruction ;48% des filles de 15-19 ans sans instruction ont déjà commencé leur vie féconde contre 17% parmi celles ayant un niveau secondaire ou plus ».

VIH/SIDA

Les femmes restent les plus touchées par le virus du Sida en Guinée. Selon un rapport du comité national de lutte contre le Sida (CNLS), le taux de prévalence au VIH/SIDA chez les femmes est 1,9%, contre 0,9% chez les hommes. Alors qu’en 2012, le taux de prévalence était estimé à 1,7 chez les adultes.

Excision/Mutilation génitale féminine

« L’excision est illégale depuis 2000 mais, particulièrement ancrée dans les pratiques traditionnelles, elle reste pratiquée dans toutes les régions, quel que soit leur niveau de développement socio-économique. ». Selon rapport des Nations Unies sur les mutilations génitales féminines en Guinée, 97 % des filles et des femmes âgées de 15 à 49 ans ont subi l’excision.

Violences basées sur le genre

La violence à l’égard des femmes est aussi répandue en milieu urbain qu’en milieu rural (quoique les taux de prévalence de violence varient légèrement en fonction des ethnies). Le taux de prévalence des mariages précoces est l’un des plus élevé dans le monde : en moyenne 3 filles sur 5 sont mariées avant leurs 18 ans. Dans certaines régions du pays, comme la Haute Guinée, la Moyenne-Guinée et la Guinée Forestière, le taux de prévalence des mariages précoces est supérieur à 70% : un chiffre deux fois plus élevé que la moyenne de l’Afrique Subsaharienne (37%). « Entre janvier 2012 et décembre 2015, le Bureau du HCDH en Guinée et des organisations de la société civile ont répertorié au moins 3,021 cas de violences basées sur le genre (VBG), dont 1,001 cas de viols et agressions sexuelles.»

Éducation

La Guinée a le taux le plus bas d’alphabétisation de la région, avec des pourcentages de 23% pour les femmes et de 38% pour les hommes.

Même si des progrès significatifs ont été réalisés en matière d’éducation surtout au niveau du primaire et de l’enseignement technique et professionnelle, beaucoup d’efforts restent à faire. En Guinée, l’éducation est obligatoire seulement au niveau de l’école primaire, le taux de scolarisation au niveau primaire en 2015 était de 81% pour les garçons et de 69% pour les jeunes filles. La scolarisation aux niveaux secondaire et supérieur est beaucoup plus faible, d’autant plus pour les femmes avec des pourcentages de 23% dans le secondaire et 6% dans le supérieur contre 37% et 14% respectivement pour les hommes.

Participation politique

Les femmes restent peu présentes dans la sphère politique : en 2015, les femmes occupent 22% des sièges parlementaires et 15% des positions ministérielles.

Agriculture

Le secteur agricole contribue à 30% du PIB. Les femmes sont présentes tout le long du processus de production agricole, depuis la préparation des terres jusqu’à la récolte. Malgré leur forte contribution au développement rural où elles sont présentes à 80%, les femmes font face à des discriminations dans l’accès aux ressources productives (accès au crédit, terre, etc.) limitant ainsi leur profitabilité économique.

Développement local et décentralisation

Les femmes sont peu présentes dans l’administration publique, tant au niveau central qu’au niveau local. Malgré une loi instaurant un quota de 30% pour les femmes sur toutes les listes électorales, en 2015 les femmes occupent 22% des sièges parlementaires et 15% des positions ministérielles.

 

En Afrique comme ailleurs dans le monde, les femmes luttent pour une participation équitable au pouvoir politique et pour un meilleur accès aux opportunités économiques. Au cours des récentes décennies, à force de se mobiliser, elles ont réalisé des avancées majeures. Alors que l’Afrique se débarrasse de pouvoirs autocratiques, combat la marginalisation sociale et la mauvaise gestion économique, les Africaines revendiquent leur droit à une plus grande participation au devenir du continent. Cependant, les avancées restent incertaines et inégales. En face, les résistances persistent. Comme partout ailleurs, les inégalités de genre perdurent. Les femmes sont victimes de violence et de discrimination. Elles n’ont pas accès à des emplois décents et sont victimes de discriminations professionnelle et salariale. Trop souvent, elles n’ont pas accès à l’éducation et aux soins de santé. Peu de femmes occupent des postes clés sur les scènes politiques et économiques.

L’accélération de l’avancement des femmes est évidemment capitale pour elles-mêmes. Mais selon l’agence des Nations Unies pour les femmes, ONU-Femmes, l’égalité des genres est bien plus qu’un simple droit humain fondamental. « Sa réalisation comporte des ramifications socioéconomiques majeures. L’autonomisation des femmes alimente une économie florissante, stimule la productivité et la croissance. « Lors du lancement d’ONU-Femmes en 2010, le Secrétaire Général de l’ONU relevait que « lorsque les femmes sont instruites et autonomes, l’économie est plus productive et solide, et leur pleine représentation est une garantie de paix et de stabilité sociales. »

A travers le lobbying pour interpeller, convaincre et infléchir les positions des responsables politiques. La médiatisation pour interpeller indirectement les responsables politiques et diffuser largement des messages dans l’opinion publique afin d’augmenter la pression sur les décideurs. La mobilisation citoyenne pour obtenir un soutien du plus grand nombre sur les propositions de la société civile, leur donner plus d’écho et pousser les responsables politiques à agir. Les moyens d’actions de l’association sont : les conférences et communiqués de presse, tribunes ou articles dans la presse écrite, participation à des émissions de télévision et de radio et organisations d’actions de visibilité visant à attirer l’attention des médias, les campagnes d’information dans les écoles, ou encore la mobilisation en ligne et l’appel à soutien de pétitions.

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